Nous devons vivre la démocratie, à nouveau. Et ce, au quotidien. La démocratie est plus qu’un ensemble abstrait de normes, de processus et d’institutions. La démocratie, c’est un engagement que nous prenons chaque jour. Une combinaison d’activités à laquelle nous nous attelons chaque jour. La démocratie est un verbe.
Mais si la démocratie doit être un verbe – je démocratise, tu démocratises, etc. – qu’est-ce que cela implique? Nous sommes tous appelés chaque jour à nous confronter au monde et à aller à la rencontre de nos semblables. Nous devons nous écouter les uns les autres, discuter, accepter les différences et prendre des décisions communes, malgré l’antipathie mutuelle et les divergences d’opinions. Pour ce faire, nous avons urgemment besoin de plus d’espace pour la réflexion, le dialogue et le débat. Une démocratie a besoin d’infrastructures qui permettent aux personnes ayant des idées différentes de se rapprocher et de débattre de manière constructive de leur avenir commun. Cela concerne toutes les personnes qui vivent en Suisse et qui sont impliquées par les décisions démocratiques.
Avec le nouveau «think + do tank» Pro Futuris, nous voulons créer de nouvelles infrastructures démocratiques. Nous avons lancé un nouveau format de dialogue sur le plan national, intitulé «Parlons-en». Vous enregistrez tout d’abord votre opinion sur dix thèmes d’actualité différents. L’algorithme scrute ensuite la base de données à la recherche d’une personne qui n’a à coup sûr pas la même opinion que vous. Vous êtes ensuite «matché» avec cette personne pour mener une discussion respectueuse en tête à tête, respectueuse. Cela permet aux participants de découvrir le monde de l’autre, et de se découvrir des points communs, qui humanisent l’interlocuteur. En apprenant à se connaître, on ne peut plus généraliser, ce qui agit directement contre la polarisation affective.
Nous sommes donc tous appelés à nous engager pour la collectivité. Nous devons nous engager les uns pour les autres, et les uns avec les autres. Car en tant que société individualiste, nous ne parvenons pas à faire émerger et éclore l’intelligence collective dont nous avons besoin en tant que collectif pour surmonter les grandes crises de notre siècle. Autrement, notre démocratie risque de s’éroder.